Passez au contenu principal Passez au menu de la section

Déclaration du groupe Phoenix 11 : La réponse de Meta suite à l’audience de la commission judiciaire du Sénat des États-Unis est inacceptable pour les survivant·es


Pour publication immédiate

En janvier 2024, préalablement à l’audience de la commission judiciaire du Sénat des États-Unis sur l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet, le groupe Phoenix 11 avait publié une déclaration contenant six questions pour Mark Zuckerberg, PDG et président de Meta, concernant sa décision, en décembre 2023, de déployer le chiffrement de bout en bout par défaut sur toutes les plateformes de messagerie de Meta1. Nous tenons à remercier le sénateur Lindsey Graham d’avoir soumis l’une de nos questions à M. Zuckerberg.

Nous sommes des survivantes d’abus pédosexuels horribles qui ont été perpétrés contre nous quand nous étions toutes petites et jeunes enfants. Ces abus ont été enregistrés sur support numérique et diffusés sur Internet à des pédocriminels sans notre consentement et, parfois, à notre insu. En notre qualité de survivantes dont les images continuent de circuler sur des plateformes Internet comme celles de Meta, nous espérions que M. Zuckerberg prendrait le temps de nous fournir des réponses complètes et sincères. Parce que nous, tout comme les enfants victimes et les survivant·es qui sont nos contemporains, subissons les conséquences de sa réponse.

Nous lui avons demandé : « Comment Meta compte-t-elle s’y prendre pour faire prévaloir le droit à la vie privée des enfants et des survivant·es dont les images d’abus pédosexuels circulent sur ses plateformes, exposant les pires moments de leur vie à des inconnus tous les jours? »

La réponse de M. Zuckerberg a pris la forme d’un copier-coller d’éléments de réponse à d’autres questions2 où il réitère les politiques de Meta concernant les comptes d'adolescents et vante au passage les mérites de sa nouvelle fonction de floutage des images de nudité3.

Nous ne saurions trop dire combien cette réponse s’avère insatisfaisante et hors de propos au regard des menaces et de la revictimisation que nous continuons de subir. Quel est le rapport entre la distribution d’images d’abus pédosexuels et les mesures de sécurité en ligne pour les adolescents? Adultes, nous continuons, comme d’autres survivant·es, à souffrir des conséquences des pires moments de notre vie qui prolifèrent à travers des photos et des vidéos sur Internet. Il est inacceptable que les innombrables enfants qui sont actuellement victimes d’abus pédosexuels avec prise d’images et qui sont ensuite exploités par la distribution de ces images sur Internet n’aient pas reçu plus de considération que cette réponse désinvolte. Nous méritons toutes et tous mieux que ça. À nos yeux, la quantité d’efforts que M. Zuckerberg a déployés pour répondre à notre question est à l’égal de la quantité d’efforts que Meta déploie pour accélérer la suppression des images d’abus pédosexuels sur ses plateformes.

Nous souhaitons dire à M. Zuckerberg pourquoi le groupe Phoenix 11 pense que ses plateformes continuent de servir de repaire aux prédateurs d’enfants. Les contrôles parentaux ne servent à rien quand les personnes qui abusent de vous et qui vous exploitent sont des parents, des membres de votre famille ou des adultes de confiance. Les outils tels que Take It Down pour les comptes d’adolescents sont inutiles quand vous n’avez jamais été en possession des images montrant les abus sexuels perpétrés contre vous quand vous étiez enfant. Les fonctions de floutage des images de nudité ne font absolument rien pour remédier à l’existence d’images d’abus pédosexuels et à leur propagation délibérée par des mains criminelles sur les plateformes de Meta. Les pédophiles ne vont pas se mettre à flouter les photos d’abus qu’ils partagent délibérément et qui mettent en scène des enfants nus. Nous sommes d’avis que Meta continue d’être frappée par une épidémie d’images d’abus pédosexuels parce que sa réponse, à ce jour, n’est pas proportionnée à l’ampleur et à la portée du problème auquel elle est confrontée.

Pour accélérer la suppression des images d’abus pédosexuels sur ses plateformes, Meta doit utiliser la détection proactive des images d’abus pédosexuels connues dans les espaces chiffrés et non chiffrés. M. Zuckerberg et divers dirigeants de Meta répètent depuis des années que le balayage côté client est incompatible avec la protection de la vie privée que le chiffrement procure aux consommateurs respectueux de la loi4. Avec sa nouvelle fonction de floutage automatique des images de nudité, Meta prouve qu’elle peut effectivement faire les deux lorsqu’elle le veut. Nous nous réjouissons de voir que c’est possible et nous espérons que le balayage côté client sera également utilisé pour détecter et supprimer les images d’abus pédosexuels connues dans les mêmes espaces chiffrés.

Nous sommes d’avis que, tant que M. Zuckerberg et Meta ne seront pas responsables devant la loi et réglementés par les gouvernements, leurs décisions commerciales concernant la détection des images d’abus pédosexuels resteront subordonnées aux impératifs de rentabilité, exacerbant la souffrance des victimes et des survivant·es. Le groupe Phoenix 11 reconnaît que Meta s’est engagée à collaborer avec le cabinet du sénateur Graham dans le dossier de son projet de loi EARN IT (art. 1207)5, que nous soutenons depuis le début. Nous tenons à manifester notre scepticisme étant donné que Meta a dépensé au premier trimestre de 2024 plus d’argent que jamais dans ses efforts de lobbying par rapport à plusieurs projets de loi sur la sécurité des enfants en ligne et à la levée des immunités prévues par l’article 2306. Nous pensons que Meta continuera à faire passer les profits avant les enfants et les survivant·es, même si, devant la commission judiciaire du Sénat des États-Unis, elle a affirmé que « l’exploitation des enfants est un crime horrible que nous nous efforçons de combattre avec force sur nos plateformes et en dehors7 ».

On ne peut pas laisser M. Zuckerberg citer le grand nombre de signalements transmis par Meta au National Center for Missing & Exploited Children pour justifier d’une action vigoureuse en amont contre les images d’abus pédosexuels et l’exploitation sexuelles des enfants sans reconnaître du même coup l’évidence que ses plateformes semblent servir de repaire à des millions de prédateurs d’enfants8. En déployant le chiffrement de bout en bout par défaut sans prendre soin de détecter les images d’abus sexuels pédosexuels connues, M. Zuckerberg arrivera peut-être à se soustraire à cette évidence et à réduire le nombre de signalements transmis par Meta, mais ça n’aura pas pour effet de faire disparaître les victimes et les survivant·es ni de nous réduire au silence. Puisque Meta n’agit que lorsque la réglementation l’y oblige9, nous demandons instamment au Congrès d'adopter une loi qui donnera la primauté aux innombrables enfants victimes et survivant·es que Meta délaisse et continuera de délaisser tant qu’elle en aura la possibilité.

Salutations distinguées,

Un groupe de 11 survivantes d’abus pédosexuels unies contre l’inadéquation des réponses à la large circulation des images d’abus pédosexuels sur Internet


  1. 1 Phoenix 11, Letter to Senate Judiciary Committee, 1/11/24, https://thephoenix11.com/statements/letter-to-senate/.
  2. 2 Senate Judiciary Committee QFR Responses – Zuckerberg; 4/22/24, p. 20, 22, 23, 30, 41, 154, 156, 157, 164, 192, 193, 194, 195, 196, 205, 225, 242, 243, 244, 254, 255, 256, 267, 268; https://www.judiciary.senate.gov/imo/media/doc/2024-01-31_-_qfr_responses_-_zuckerberg1.pdf.
  3. 3 Senate Judiciary Committee QFR Responses – Zuckerberg; 4/22/24, p. 54 – 57, https://www.judiciary.senate.gov/imo/media/doc/2024-01-31_-_qfr_responses_-_zuckerberg1.pdf.
  4. 4 Gail Kent, Hard Questions: Why Does Facebook Enable End-to-End Encryption, Meta, 5/7/18, https://about.fb.com/news/2018/05/end-to-end-encryption/.
  5. 5 Senate Judiciary Committee QFR Responses – Zuckerberg, 4/22/24, p. 38, https://www.judiciary.senate.gov/imo/media/doc/2024-01-31_-_qfr_responses_-_zuckerberg1.pdf.
  6. 6 United States Senate Office of Public Records, 4/22/24, Meta 2024 Q1 Lobbying Report, https://lda.senate.gov/filings/public/filing/44c8cc07-99cb-4a91-83c3-31f973d95281/print/.
  7. 7 Senate Judiciary Committee QFR Responses – Zuckerberg, 4/22/24, p. 104, https://www.judiciary.senate.gov/imo/media/doc/2024-01-31_-_qfr_responses_-_zuckerberg1.pdf.
  8. 8 CyberTipline 2023 Report, National Center for Missing & Exploited Children, April 2024, https://www.missingkids.org/cybertiplinedata.
  9. 9 Senate Judiciary Committee QFR Responses – Zuckerberg, 4/22/24, p. 12-14, https://www.judiciary.senate.gov/imo/media/doc/2024-01-31_-_qfr_responses_-_zuckerberg1.pdf.
Contact médias
1 204 560-0723
communications@protegeonsnosenfants.ca

-30-

Un mot sur le groupe Phoenix 11 : Le groupe Phoenix 11 réunit des survivantes d’abus pédosexuels enregistrés et, dans la plupart des cas, diffusés sur Internet. Ces survivantes se sont mobilisées pour dénoncer haut et fort l’inadéquation des réponses à la prolifération des images d’abus pédosexuels sur Internet.

Un mot sur le Centre canadien de protection de l’enfance : Le Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE) est un organisme de bienfaisance national qui se consacre à la protection personnelle de tous les enfants. Il veut réduire l’exploitation et les abus sexuels d’enfants et offre à cette fin des programmes, des services et des ressources aux familles, aux éducateurs, aux organismes de services à l’enfance et aux forces policières du Canada ainsi qu’à d’autres intervenants. Cyberaide.ca — la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet — relève aussi du CCPE, de même que le Projet Arachnid, une plateforme Web qui détecte les images d’abus pédosexuels connues sur le Web ordinaire et le Web clandestin et qui envoie des demandes de suppression à l’industrie.

Soutenez nos efforts. Faites-nous un don.

Associez-vous à une grande cause. En tant qu’organisme de bienfaisance enregistré, nous faisons appel aux dons pour nous aider à offrir nos services et nos programmes à la population. Aidez-nous à aider les familles et à protéger les enfants.

Faire un don