Une analyse de plateformes grand public révèle que les utilisateurs se heurtent à des obstacles majeurs pour signaler des images d’abus pédosexuels
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Winnipeg, Canada — Absence d’options de signalement pour les images d’abus pédosexuels, formulaires difficiles à trouver et exigences qui dissuadent le signalement des images illégales… Selon un nouveau rapport du Centre canadien de protection de l’enfance (CCPE), les obstacles sont nombreux pour les internautes qui veulent signaler des images d’abus pédosexuels trouvées sur certaines des plateformes web les plus populaires. La réalité n’est pas différente pour les victimes qui découvrent leurs propres images.
« Notre examen des différentes plateformes révèle que leurs opérateurs offrent presque toujours un mécanisme clair et efficace pour signaler une violation de droit d’auteur. Mais pour qui veut signaler des images d’abus pédosexuels, les mécanismes en place sont, pour la plupart, inadaptés », rapporte Lianna McDonald, directrice générale du CCPE.
Informé de la situation par des victimes d’abus pédosexuels enregistrés et diffusés en ligne et des citoyens auteurs de signalements à Cyberaide.ca, le CCPE a entrepris un examen systématique de la possibilité de signaler spécifiquement des images d’abus pédosexuels sur 15 plateformes grand public, dont Facebook, YouTube, Twitter et Instagram ainsi que sur certains sites pour adultes, dont Pornhub.
À l’exception du moteur de recherche Bing de Microsoft, aucune des plateformes étudiées par le CCPE n’offrait au moment de l’analyse d’options spécifiques aux images d’abus pédosexuels pour faire un signalement à partir d’une publication ou d’un message direct, ou pour signaler un utilisateur. C’est plutôt le caractère ambigu et non spécifique des options de signalement offertes qu’ont relevé les chercheurs du CCPE.
L’an dernier, aux États-Unis, les entreprises de technologie ont signalé plus de 69 millions d’images d’abus pédosexuels au NCMEC (National Center for Missing & Exploited Children). La centrale de signalement du CCPE, Cyberaide.ca, enregistre aussi avec la pandémie de COVID-19 une augmentation fulgurante des signalements du public, qui a atteint un sommet de 81 % au printemps dernier.
« Pendant plus de dix ans, les entreprises de technologie n’ont pas réussi à régler le problème de la diffusion des images d’abus pédosexuels sur leurs services. Ces géants de la technologie ont d’abord nié l’existence du problème. Et après l’avoir admis, ils ont nié l’existence d’une solution technologique. Et quand ils ont été mis en face d’une solution technologique, ils ont commencé à contrecœur et timidement à s’attaquer au problème de la violence sexuelle contre les enfants. Plus de dix ans plus tard, cependant, trop d’entreprises multimilliardaires ne prennent toujours pas les précautions les plus élémentaires, comme offrir un mécanisme clair et simple pour signaler les images d’abus pédosexuels. C’est tout simplement inexcusable », a déclaré Hany Farid, codéveloppeur de PhotoDNA et professeur à l’Université de la Californie à Berkeley.
Dans son rapport, le CCPE formule cinq recommandations pour clarifier et simplifier le signalement des images d’abus pédosexuels sur les plateformes qui hébergent du contenu généré par les utilisateurs :
- Créer des catégories de signalement spécifiques aux images d’abus pédosexuels
- Offrir des options de signalement spécifiques aux images d’abus pédosexuels dans des menus faciles à trouver
- Uniformiser les mécanismes de signalement au sein d’une même plateforme
- Offrir la possibilité de signaler des images visibles sans avoir à créer un compte ou à se connecter à un compte
- Éliminer les champs obligatoires destinés à la collecte de renseignements personnels sur les formulaires de signalement
Le rapport du CCPE ne suit que de quelques mois le dévoilement, à l’issue de la réunion ministérielle de l’alliance de renseignement dite des « Five Eyes », d’une série de principes volontaires pour lutter contre l’exploitation et les abus sexuels d’enfants sur Internet. Le 5 mars 2020, en concertation avec les gouvernements du Canada, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande et du Royaume-Uni, le département américain de la Justice a publié une série de 11 principes volontaires appelant les plateformes et services en ligne à se doter des systèmes nécessaires pour lutter contre l’exploitation sexuelle des enfants sur Internet.
Cependant, le CCPE et ses alliés internationaux du domaine de la protection de l’enfance observent sur la foi des conclusions du nouveau rapport que les objectifs ne sont pas encore atteints.
« Les entreprises de technologie qui ont adhéré aux principes volontaires des Five Eyes pour lutter contre l’exploitation des enfants sur Internet ont échoué au premier test. S’ils sont sérieux dans leur engagement de combattre les abus pédosexuels, ils doivent corriger le tir sans tarder », souligne Peter Wanless, directeur général de la National Society for the Prevention of Cruelty to Children, le plus grand organisme de bienfaisance pour l’enfance au Royaume-Uni.
On peut consulter et télécharger le rapport intégral du CCPE à protegeonsnosenfants.ca/analyse_plateformes.
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Le CCPE est un organisme de bienfaisance national voué à la protection des enfants. Il veut réduire l’exploitation et les abus sexuels d’enfants et offre à cette fin des programmes, des services et des ressources aux familles, aux éducateurs, aux organismes de services à l’enfance et aux forces policières du Canada ainsi qu’à d’autres intervenants. Cyberaide.ca, la centrale canadienne de signalement des cas d’exploitation et d’abus sexuels d’enfants sur Internet, relève aussi du CCPE, de même que le Projet Arachnid, une plateforme web qui détecte les images d’abus pédosexuels connues sur le Web visible et invisible et qui envoie des demandes de suppression aux fournisseurs.